Enjeux épistémologiques, méthodologiques et critiques
EHESS, 2017 – 2018 / 2018 – 2019
- Pierre-Antoine Chardel, professeur à l’IMT (IMT-BS) et chercheur à l’IIAC
- Valérie Charolles, philosophe et économiste, chercheure associée à l’IIAC
- Gabriel Rockhill, professeur à l’Université Villanova (USA)
Ce séminaire a pour vocation de réfléchir aux conditions de possibilité de l’émergence d’une socio-philosophie du temps présent. Il prendra la démocratie et la technologie comme premiers champs de questionnement pour justifier cette articulation entre philosophie et sociologie. La conviction qui anime cette ambition de délimiter un tel geste, à la fois pratique et théorique, renvoie d’une part au fait que les complexités du monde actuel nous incitent à interroger la manière dont nous pouvons philosophiquement nous en saisir tout en échappant aux tentations de leur mise en système. D’autre part, la plupart des crises auxquelles nous nous heurtons (sur le plan économique, politique ou écologique) nous imposent de réfléchir aux enjeux épistémologiques, éthiques et méthodologiques de nos pratiques théoriques en vue de questionner leurs fondements, leurs présupposés, mais également leur ethnocentrisme sous-jacent.
Nous assumerons dans cette perspective le fait que la philosophie doit, plus que jamais, se pratiquer en se tenant au plus près des affaires humaines, en tissant de la sorte un dialogue aussi riche que possible avec les sciences sociales (la socio-anthropologie, la socio-histoire et la socio-économie plus particulièrement). Il s’agira enfin, dans le cours de nos séances, de nous pencher sur certaines grandes catégories de pensée dont nous avons principalement héritées d’une philosophie dite « gréco-occidentale », en essayant de les analyser à nouveaux frais en vue d’assumer une pratique théorique immanente et plurielle qui puisse s’attacher à forger des cartographies alternatives dans notre compréhension du monde au travers de ses dimensions sociales, technologiques, matérielles et symboliques. Car il y a toujours plusieurs forces à l’œuvre dans ce que l’on désigne par les termes de « société du spectacle », « économie néolibérale », « société de l’information », ou de démocratie dite « représentative ». Compte tenu de la pluralité des facteurs qui interviennent dans la construction de nos univers intimes, économiques, sociaux, culturels et symboliques, force est de reconnaître que « le monde contemporain » est constitutivement multidimensionnel, porté par des régimes d’énonciation hétérogènes : il appelle l’élaboration d’une pensée critique du temps présent, qui se confronte au plan épistémologique, méthodologique et éthique à ces différences.